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Mes chers parents,

Lorsque vous m’aviez demandé, il y a environ 13 ans, si cela ne me porterait pas ombrage, si cela ne me gênerait pas si vous veniez habiter tout près de chez moi, enfin, plus que tout près puisqu’il s’agissait tout simplement du même immeuble, j’avoue que jamais je n’avais envisagé l’après, l’après vous…

Ces années vécues les uns à côté des autres ce sont formidablement bien passées. Jamais vous n’avez été intrusifs dans ma vie, dans notre vie de couple.Toujours discrets et disponibles. Vous étiez très présents pour vos petits-enfants et ils ont ainsi eu la chance d’avoir leurs grands-parents aimants juste à leur porte. Quelle complicité entre eux et vous !! c’était vraiment une époque formidable.

Et puis, il faut bien le reconnaître, cette situation fut assez confortable pour nous parents : plus question de prendre une baby-sitter pour nos sorties, plus question de nous inquiéter lorsque nous avions une proposition pour partir en week-end de façon imprévue.

Lorsque je suis tombée malade, vous avez été là pour me réconforter (alors que je pense que vous deviez être vous-mêmes si désespérés de voir votre fille touchée par cette saloperie de crabe), vous avez été là pour me seconder dans les tâches ménagères que je n’avais plus la force d’assurer, vous avez été là pour m’accompagner à l’hôpital pour mes traitements lorsque mon mari était pris par le travail.

Et puis, c’est vous qui êtes tombés malades ensuite. Oh pas ce crabe sournois non, mais une maladie toute aussi vicieuse, celle que l’on ne qualifie pas de maladie mais qui pourtant affaiblit peu à peu, inexorablement : la vieillesse.

La situation s’est alors inversée, c’est moi qui me suis occupée de vous. D’abord papa qui aura souffert de longs mois, me demandant par ses regards et ses mots à quel moment toute cette souffrance et cette dépendance insupportables allaient enfin cesser.

Et puis, lorsque papa est décédé, qu’il a enfin pu se reposer sans souffrir, c’est toi maman qui n’as pas supporté cette vie sans lui. Comment survivre seule quand on a vécu heureuse avec un homme pendant plus de 65 ans ?

vieillesseMaintenant que vous n’êtes plus là tous les deux, je peux vous répondre à votre question d’il y a 13 ans.

C’est maintenant que c’est insupportable. C’est depuis que vous n’êtes plus là que je ne peux faire face à cet appartement si près de moi mais vide cette fois. Comment admettre qu’il a fallu vider vos objets, vos souvenirs pour laisser la place à des inconnus qui vont venir emménager bientôt à votre place ? Comment vais-je supporter de les croiser dans l’ascenseur et leur souhaiter bonne soirée au moment où ils arriveront chez vous eux ?

Alors, voilà, depuis que vous n’êtes plus là, je me doutais bien que je partirais moi aussi .

C’est donc décidé, mes chers parents, je pars… je vais déménager. Je passe la plupart de mon temps libre à chercher un autre chez moi où je pourrai me reconstruire après vous.

Chers lecteurs, lectrices, vous devez vous demander pourquoi je rends publique cette lettre à mes parents disparus.

Tout simplement parce que j’ai besoin d’écrire, écrire pour extérioriser la peine, écrire pour me souvenir, écrire pour avancer.

Je pense d’ailleurs que vous risquez d’être les témoins, les conseillers de mes aventures immobilières, car je ne manquerai pas de partager avec vous ces moments avec Stéphane Plaza. 🙂

AVT Stephane Plaza 2296

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29 commentaire

  1. […] vous ai autrefois parlé de mes parents disparus maintenant mais dont je me suis occupée de nombreuses années. La cinquantaine c’est aussi […]

  2. J’ ai decouvert ton blog hier, par hasard…je reviens aujourd hui, voir si tu m as repondu -c est fait!- et je vais lire plus loin…
    Cette lettre m a beaucoup ému…
    Déménager ne va pas être facile… bon courage

    1. En fait, les vacances m’ont aidée à réfléchir, à me poser, et mes plans ont complètement changé. D’ailleurs, il faudra que je vous en parle dans un prochain billet.
      Sinon, je réponds presque toujours aux commentaires:) , c’est ce que j’adore dans le blogging : l’échange.

  3. je suis terriblement emu que d’amour je t’embrasse

  4. C’est bouleversant, courage à vous

  5. J’aime beaucoup le tableau et la craie qui illustrent ce billet, c’est tout à fait en lien avec tes mots, et la photo de plaza à la fin qui ouvre la porte vers une nouvelle vie, un nouveau chez toi. Bisous de moi.

    1. Oui, Izno, je voulais finir par une note gaie et pleine d’espoir, je ne pouvais autrement:). Bises à toi aussi. Bon alors, on se voit quand? 🙂

  6. Ta lettre est très touchante, je suis convaincue que tu prends la bonne décision. Avec le temps, ta peine s’adoucira et tu repenseras de plus en plus souvent aux moments heureux. Personnellement, je suis dans une démarche inverse. J’ai perdu ma mère il y aura bientôt (dans 18 jours) 7 ans et je m’apprête à déménager tout près de chez mon père de telle sorte qu’il puisse rester dans sa maison et ses meubles avec lesquels il a tous ses souvenirs avec ma mère. Mais il vieillit et pour lui la solitude est de plus en plus pesante. Il est très seul et très triste au fond de lui étant donné qu’avec mes sœurs nous sommes toutes loin. Plus tard, je ferai la même chose que toi, je fermerai cette parenthèse en quittant un lieu qui me rappelle trop l’absence de mes parents.
    Je suis sûre que tu vas ouvrir un nouveau chapitre de ta vie avec ce déménagement qui te permettra de trouver la sérénité après les lourdes épreuves que tu as dû traverser.

    1. Oui, je suis persuadée que la suite de ma vie va être positive.
      Je vois que toi aussi tu as en charge (comme beaucoup d’entre nous à nos âges) ton papa, je te souhaite beaucoup de courage, ce sont des années pas toujours facile à gérer.

  7. Très touchante comme lettre, vraiment..
    Courage !

  8. Une belle lettre d’amour ! Bonne chance pour trouver un autre lieu de vie pour rebondir et vous aider à recommencer une nouvelle vie. C’est terrible de perdre ses parents, surtout si on était proche d’eux comme c’était le cas pour vous…

    1. Oui, on se sent orphelin à n’importe quel âge. Bises

  9. C’est poignant, très poignant, mais tellement vrai. Que tes mots sont beaux à lire et pleins d’amour.
    J’espère que tu seras vite dans ton nouveau nid.
    Bises

    1. Je vous tiendrais au courant à propos de mes recherches qui ont commencé d’ailleurs depuis un certain temps. Bises!

  10. Tu as trouvé les mots exacts, poignants et sincères pour exprimer ce que nous ressentons , avons ressenti ou ressentirons un jour ou l’autre… Je suis tout aussi émue que toutes les autres lectrices car même si je ne suis pas -encore- face à cette situation, je l’appréhende tellement…
    Gros bisous et courage pour ce nouveau départ !

    1. C’est normal d’appréhender ce moment, et puis, quand il arrive en fait, parfois, on se surprend à être plus forte qu’on ne l’imaginait.

  11. Très beau texte, touchant et rempli d’amour. Je comprends ton désir de tourner la page et je te souhaite le meilleur dans ta recherche d’appartement.

  12. Magnifique lettre d’amour!!! Tourner cette page est une décision difficile mais c’est peut être pour que cette période heureuse de partage (malgré tout ce qui s’est passé)… Devienne un joli souvenir… Bon courage pour cette nouvelle vie!!!

  13. Avant de sourire lors d’une émission avec Stéphane Plazza, car c’est ce qui nous attend, oh dites oui, j’aurai pleuré… pleuré en lisant ce doux récit, 13ans… c’est long et c’est court pour tant de partages, de complicité, d’amour… Et si vous restiez? ………………………. Avec sympathie, Chantal

    1. Je me suis posée 1000 fois la question déjà. Mais, non seulement j’ai le souvenir de cette vie proche de mes parents durant 13 ans, mais aussi j’ai le souvenir d’une vie de couple avec laquelle j’ai voulu cassé les ponts… donc, je dois partir.

  14. Parfois, ça soulage de partager ce que l’on ressent. C’est touchant. J’espère pour toi que tu trouveras rapidement ton chez toi alors 🙂

  15. Magnifique… Bouleversant… Rempli d’amour pour toujours même si il faut continuer à avancer.. Bonne continuation

  16. C’est beau. Et je comprends ton besoin de partir. Trop de souvenirs…

    1. voilà c’est tout à fait cela. J’ai peur de ruminer ces souvenirs, il faut que je vois autre chose. Merci pour ton passage.

  17. C’est une très belle lettre d’Amour. Elle m’a touché, tiré des larmes … Prends soin de toi.

    1. J’ai pleuré aussi en écrivant.
      Bises Valdotain.

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