photo 1431578500526 4d9613015464

Un des avantages d’être atteinte du cancer (oui, vous avez bien lu le mot « avantage ») c’est qu’obligatoirement cet état nous apprend ou plutôt nous oblige à lâcher prise.
Lâcher prise, c’est renoncer à la maîtrise de son existence. Et le cancer vous apprend cela en quelques semaines.
En ce moment, si je n’avais pas été malade, je serais en pleine forêt canadienne en train de dévaler les kilomètres en motoneige ou en traîneaux à chiens. Il a fallu renoncer à des projets, des projets réfléchis depuis des mois, organisés. Il faut savoir faire le deuil de ces projets et se recentrer sur l’essentiel : ma vie au jour le jour.
J’ai l’habitude de maîtriser mon existence, je ne supporte pas que les choses me filent entre les doigts sans que je puisse les contrôler. Je crois que nous sommes nombreux dans ce cas là.
Quand la maladie arrive comme une avalanche dans votre vie, vous devez faire avec, vous n’avez pas le choix.
Soudain, votre vie n’est plus rythmée par vos décisions, mais votre existence est gérée par les rendez-vous médicaux, les résultats biologiques, les traitements et leurs conséquences. Il est très difficile et même impossible de prévoir plus loin que le bout de son nez. Le week-end prochain vous êtes libres pour la fiesta? Euh, je te dis cela la veille ok? ça dépendra de la date de ma chimio !!
Il faut apprendre à composer avec la situation et avancer au jour le jour.
Cependant, il ne faut pas non plus se laisser « bouffer » par ce crabe, car sinon on ne voit plus en vous que la malade, la cancéreuse. Non, je suis en traitement mais je suis restée la Sophie que vous connaissez : j’ai envie de sortir, j’ai envie de rire, j’ai envie de faire la fête, j’ai envie de partir en goguette (ça fait vintage ça ^^) mais je dois composer avec les traitements, je ne suis plus seule à décider de mon emploi du temps.
L’important est de prendre la situation telle qu’elle est, de faire avec et d’avancer.
Il faut se réapproprier ce corps qui nous a trahi, c’est accepter certaines limites que l’on n’aurais jamais voulu respecter avant, c’est prendre le temps d’écouter ce corps et respecter ses demandes.
Lâcher prise c’est aussi apprendre à faire confiance aux autres. Là, votre vie est dans les mains de l’équipe médicale, si vous n’avez pas confiance en ces professionnels, il vaut mieux en changer car vous allez être pris en charge complètement par cette équipe durant des mois. Ce ne sera pas à vous de décider du rythme des traitements, il faudra avoir confiance en leurs décisions qui peuvent être vitales pour vous.
Lâcher prise c’est aussi donner libre cours à ses émotions, à ses sentiments. C’est souvent la colère qui s’exprime après l’annonce de la maladie. Cette colère ne doit pas être refoulée ou empêchée. Si c’est la peur, le désespoir, il ne faut pas s’empêcher de pleurer. Vous ne pouvez plus être dans le contrôle de ses émotions, il faut les laisser s’exprimer, exploser que ce soit au début de la maladie ou peut-être après, bien plus tard.
En ce moment, je suis en train d’apprendre à prendre le temps de vivre doucement et à écouter mon corps. Je suis fatiguée? je me repose. Le genre de truc que je ne m’autorisais pas avant. Mon père disait bien : « On n’est jamais fatigué ! ». Et bien pourtant, je dois avouer que parfois je suis fatiguée, et c’est tout un apprentissage de me l’avouer !! 🙂
Voilà, cette période difficile de ma vie aura eu cette utilité : m’apprendre le lâcher prise.

Et vous, savez-vous lâcher prise? Acceptez-vous ne ne pas pouvoir tout contrôler dans votre vie?

action onRendez-vous sur Hellocoton !

Vous pourriez aussi aimer...

28 commentaire

  1. […] créativité depuis un moment. J’ai cette envie de chercher à  me retrouver, apprendre à lâcher prise, arriver à profiter du moment présent et toutes les parutions sur ce sujet m’intéressent. […]

  2. […] parfois baisser la garde et accepter de demander de l’aide. C’est aussi une forme de lâcher prise comme je vous en ai déjà parlé auparavant. C’est lâcher prise sur ces principes si […]

  3. c’est un très bel article, très émouvant… moi j’ai appris à relativiser et à lâcher prise depuis le décès de ma maman… il y a des événements dans la vie qui t’apprennent à relativiser… je t’embrasse fort et bravo pour ton courage

    1. Oui, ce sont les évènements de la vie qui nous apprennent à relativiser, et depuis pas mal d’années, c’est bon j’ai appris 🙂 🙂
      Merci pour ton petit mot.

  4. j’ai beaucoup de mal à lâcher prise. j’ai cette horrible sensation que si je lâche prise, ça va mal se terminer. je sais que c’est faux… au moins en grande partie… mais du coup c’est compliqué de lâcher. Ce serait pourtant une excellente chose!

  5. Tes mots sont pleins despoir et ça fait du bien. Tu as raison, il faut apprendre à lâcher prise, ce qui est loin d’être évident mais pourtant nécessaire.
    Comme toi, j’ai mis longtemps à accepter qu’il faut parfois écouter son corps et ralentir le rythme. Quand ma maladie me fatigue de trop, je sais qu’il faut que je me repose plutot que lutter car c’est elle qui gagne quoi qu’il arrive à la fin.
    Pour m’aider à lâcher prise, je pratique la méditation depuis quelques mois et cela m’apaiser un peu.
    En tout cas, bravo pour ton optimisme et ta façon de voir la vie malgré la maladie.

    1. Merci pour ce beau témoignage. Je n’ai pas encore creusé ce domaine de la méditation. Tu vois quelqu’un pour cela?

  6. Je te comprends tout à fait , même si je n’ai jamais vécu ta situation, il y a des moments où l’on a simplement envie de lâcher prise, et on ne se l’autorise pas , car on y est pas contrainte par une priorité qui pour toi est ta maladie.
    Tu arrives (avec tes moments de faiblesse qui sont humains) à garder une attitude très positive et c’est ta force, ne la perds jamais !
    Encore une jolie leçon de vie !
    Merci Sophie !
    Bon après midi
    Bisous !

    1. Bonjour jany, forcément il y aura des hauts et des bas, mais je suis quelqu’un de positif en général et écrire m’aide beaucoup. 🙂
      bises

  7. ohlala je savais pas que tu avais un cancer, je suis désolée et t’envoie tout plein de courage, d’ondes positives pour traverser cette épreuve. <3

    1. Merci, je prends tout !! 🙂 bises

  8. très joli texte, qui aide beaucoup. je te souhaite plein de bonnes choses 🙂

    1. Merci Annie, nouvelle sur le blog??? 🙂

  9. Témoignage très touchant… Il n’est jamais facile de lâcher prise et de renoncer au contrôle. Il y a quelque chose de rassurant dans le fait de contrôler son quotidien, de planifier. Et puis il y a des imprévus, une maladie qui survient et qui bouleverse les quelques certitudes qu’on pouvait avoir. La vie ne s’arrête pas, elle est différente. On prend le temps de remarquer des choses auxquelles on n’accordait pas d’importance, on écoute son corps et ses besoins pour que le quotidien soit plus agréable. Que ce soit face à la maladie ou non, le lâcher prise fait du bien.

    1. Bonsoir Julie, c’est tout à fait cela, tu l’expliques très bien. Bises

  10. J’apprends à lâcher prise et j’en vois l’avantage depuis quelques mois déjà. Je n’arrive pas encore à tout à fait lâcher prise, mais à chaque situation, j’essaie de m’exercer à le faire. Cà fait du bien ! Tu fais bien de le faire ! Gros bisous.

    1. J’y suis obligée et c’est un mal pour un bien comme on le dit 🙂 Bises

  11. J’aime ta façon de voir les choses… il faut beaucoup de force pour trouver un avantage dans la maladie… bisous Sophie !

  12. Tu es extra Sophie ! (Hâte de te revoir d’ailleurs !)
    Tout comme les autres lectrices, moi aussi je t’admire !
    Bisous !
    Béatrice

    1. Bonsoir Béatrice, comme je le disais à Danièle, il n’y a rien d’admirable, je pense sincèrement que chacun dans ce cas réagit autrement qu’il ne l’aurait peut etre imaginé.
      Oui, j’espère bien te revoir bientôt aussi !!
      Bises

  13. tu affrontes ta maladie avec une lucidité extrême , ce n’est pas du lâcher prise ,tu maîtrises à merveille cette situation , tu as tout compris, et j’avoue que je t’admire.
    je souhaite vraiment que ton crabe s’en aille le plus vite possible
    bonne soirée
    bisous
    danièle

    1. bonsoir Danièle, tu sais il n’y a rien d’admirable. Je pense que pratiquement tout le monde réagirait ainsi.
      Bises

  14. Il est très beau ce texte. une maladie, c’est un tsunami, on ne fait plus de choix, les priorités changent. Une de mes amies a été très malade, un jour, nous étions dans une grande surface, devant des brosses à dents et elle n’arrivait pas à se décider – La verte ou la rose ? la jaune ou la violette ? Je m’impatientais et lui ai demandé de choisir, que ça n’avait aucune importance. Elle m’a répondu – Maintenant, je suis guérie et je savoure ces petits choix, ces détails qui n’existaient plus quand j’étais malade.
    Belle leçon pour moi que était en bonne santé.

    1. J’avoue que je ne me suis pas encore beaucoup penchée sur le problème des couleurs de brosse à dents :). Mais je vois ce que tu veux dire.
      A bientôt Rideerieuse.

  15. Oui c est un vrai apprentissage de savoir lâcher prise et surtout là, difficile aussi d accepter la fatigue, mais la vie continue et il faut quand même faire des projets pour montrer à ce vilain crabe qu on est plus fort que lui. Le lâcher prise un bon conseil à donner à tout le monde.

  16. Votre billet est très courageux car vous parlez librement de ce sentiment de perte de contrôle. Et pourtant, vous semblez avoir repris le dessus, c’est ce que vous appelez « lâcher prise ». Ce serait un conseil à donner à tout le monde, de prendre du recul, relativiser et mettre les accents sur ce qui est vraiment important.

  17. Il va s’en dire (mais ça va mieux en le disant…etc)que je partage pleinement cette vue de l’existence….
    Même si je dois reconnaître que mon suivi médical n’a rien à voir avec le tien, le mien est plus léger, c’est sur. En revanche, il y a beaucoup de choses, même basiques que je ne peux plus faire (courir, sauter, attacher mon soutif…), bon, je marche, c’est déjà beaucoup. Moi, c’est surtout la fatigur et la concentration, la mémoire. Merde, quoi !!!! J’ai que 50 ans et je n’arrive plus à faire 2 choses en même temps…..
    C’est pas grave, je suis VIVANTE. Et demain, on verra.
    gros bisous ma chère Sophie.
    que la vie te soit la plus douce possible

    1. Voilà, ce n’est pas grave et demain on verra… relativiser et profiter des plaisirs au jour le jour.
      Bises Florence.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.